22/02/2009

un peu de fraicheur utopique dans un monde qui nous fait suer !

MANIFESTE
pour les “produits” de haute nécessité

Ernest BRELEUR
Patrick CHAMOISEAU
Serge DOMI
Gérard DELVER
Edouard GLISSANT
Guillaume PIGEARD DE GURBERT
Olivier PORTECOP
Olivier PULVAR
Jean-Claude WILLIAM
(extraits)


Dès lors, derrière le prosaïque du " pouvoir d'achat " ou du "
panier de la ménagère ", se profile l'essentiel qui nous manque
et qui donne du sens à l'existence, à savoir : le poétique. Toute
vie humaine un peu équilibrée s'articule entre, d'un côté, les
nécessités immédiates du boire-survivre-manger (en clair : le
prosaïque) ; et, de l'autre, l'aspiration à un épanouissement de
soi, là où la nourriture est de dignité, d'honneur, de musique,
de chants, de sports, de danses, de lectures, de philosophie,
de spiritualité, d'amour, de temps libre affecté à l'accomplisse-
ment du grand désir intime (en clair : le poétique). Comme le
propose Edgar Morin, le vivre-pour-vivre, tout comme le vivre-
pour-soi n'ouvrent à aucune plénitude sans le donner-à-vivre à
ce que nous aimons, à ceux que nous aimons, aux impossi-
bles et aux dépassements auxquels nous aspirons.
La " hausse des prix " ou " la vie chère " ne sont pas de petits
diables-ziguidi qui surgissent devant nous en cruauté sponta-
née, ou de la seule cuisse de quelques purs békés. Ce sont
les résultantes d'une dentition de système où règne le dogme
du libéralisme économique. Ce dernier s'est emparé de la pla-
nète, il pèse sur la totalité des peuples, et il préside dans tous
les imaginaires - non à une épuration ethnique, mais bien à
une sorte " d'épuration éthique”
(entendre : désenchantement, désacralisation, désymbolisation,
déconstruction même) de tout le fait humain. Ce système a confiné
nos existences dans des individuations égoïstes qui vous suppriment tout horizon
et vous condamnent à deux misères profondes : être "
consommateur " ou bien être " producteur ".

(….)

Alors, quand le " prosaïque " n'ouvre pas aux élévations du
" poétique ", quand il devient sa propre finalité et se consume
ainsi, nous avons tendance à croire que les aspirations de
notre vie, et son besoin de sens, peuvent se loger dans ces
codes-barres que sont " le pouvoir d'achat " ou " le panier de
la ménagère ". Et pire : nous finissons par penser que la ges-
tion vertueuse des misères les plus intolérables relève d'une
politique humaine ou progressiste. Il est donc urgent d'escor-
ter les " produits de premières nécessités ", d'une autre caté-
gorie de denrées ou de facteurs qui relèveraient résolument
d'une " haute nécessité ".

TEXTE INTEGRAL

3 commentaires:

Sylvaine Vaucher a dit…

Tu parles d'Edgar..."T'es en plein dans "Le vif du sujet" j'ai habité chez lui(rue des Blancs Manteaux) à l'époque.. et il adorait que je lui masse la nuque.

Anonyme a dit…

je prescris une bonne dose de doliprane..et..au repos strict!

soyons poétiques en :
slalomant avec le chariot entre deux rayons,
balançant notre panier-provisions,
nous promenant dans les bois
pendant que le loup n'y est pas...
kat

HK/LR a dit…

okay Kat : on déclare illico le doliprane "produit de haute necessité"