10/06/2009

EN JOUE ! FEU !


En joue ! FEU !



« Garrett ôte son chapeau et le laisse devant la porte.Les autres rient.Garret sourit, braque son revolver sur la porte.Les autres disparaissent et cernent la maison.
Tout cela je l’aurais vu su j’avais été sur le toit à regarder .

(Michael Ondaatje-
Billy the Kid,oeuvres complètes)





1 /
un poème ça tire
à hue et à dia
ça rue dans les brancards
ne veut pas docilement
traîner sans renacler
le lourd charroi
des jours après les jours



2/
un poème ça tire
tous les diables
par toutes leurs queues
fourchues ou non
pour le seul plaisir
de les voir grimacer
d’impuissance



3/
un poème ça tire
son épée du fourreau
avec force gesticulades
et puis baste les grandes
émotions guerrières
s’en va tirer son vin
de ses tonneaux


4/
un poème ça tire
au jugé
une nuit sans lune
et ça pense atteindre
la cible
en plein centre
et des fois
oui


5/
un poème ça tire
au but
et au flanc
et à balles à blanc
et contre son camp
ça tire à sa fin
ça tire
à la ligne
ça tire sa flegme


6/
un poème ça tire
des bords
et encore et encore
pour remonter aux vents
mauvais ou non
au plus près
et le bateau gite
parfois
chavire



7/
un poème ça tire
à bout portant
et des traces de poudre
sur la tempe de ses cadavres
le dénoncent
mais il a toujours
un bon alibi


8/
un poème ça tire
des plans
sur toutes les comètes
à main levée
les traits sont malhabiles
les angles ne sont pas droits
rien n’est d’équerre


9/
un poème ça tire
la couverture à soi
pour se réchauffer
les soirs d’hiver
même en été
c’est frileux assez
un poème



10/
un poème ça tire
les choses
au clair
pas leur clair à elle
son clair
à lui
clair lunatique
ou carrément obscur


11/
un poème ça tire
moins vite
oh beaucoup moins vite
que ses ombres
elles ricanent
en le bombardant
de vieilles pommes pourries


12/
un poème ça tire
des conclusions provisoires
qu’il s’impose
par mesure de précaution
façon de ne pas se laisser
attraper par surprise
au beau milieu
d’un gué
et scalper par une horde
primitive
« sur le sentier de la guerre »



1 3/
un poème ça ne tire
pas de bilan définitif
ni jamais
oh grand
jamais

profit




poème dégainé
le mercredi 29 octobre 2008-
sous un ciel bien plombé
et temps pisseux
et frisquet assez
(vient de paraitre dans le numéro de juin de la revue "Quai des Lettres" (La Rochelle)



2 commentaires:

thoams a dit…

Touché!

HK/LR a dit…

coulé ? (si c'est le K , comme disait Buzzati ,j'espère que c'est dans un océan de Bourbon - du Kentucky of sure !)