la journée de la jupe

Autant l’encensé , le palmé « Entre les murs » m’a déplu (euphémisme ! je me suis barré au bout d’un quart d’heure) parce qu’il sonnait totalement faux , autant « la journée de la jupe », que j’ai décidé de regarder avec beaucoup de réticence à priori , m’a touché , et même franchement ému .
C’est tout bonnement une tragédie classique : unité de lieu , de temps , d’action et un destin « fatal » et la mort comme seul dénouement possible . Adjani campe de manière fantastique une « héroïne » tragique qui n’en peut plus , qui devant l’adversité craque , se "déchaine" . Elle sait qu’elle « va trop loin » mais elle ne peut pas faire autrement , un mécanisme implacable s’est enclenché .
Invraisemblable cette histoire ? invraisemblable ce pétage de plomb d’un prof poussée à bout ? invraisemblable cette incompétence ahurie d’un principal dépassé par la situation ? invraisemblables ses « chers collègues » bidouillant chacun ses petites astuces de survie en milieu hostile ? invraisemblables les terrifiantes « limitations » mentales de ces jeunes garçons et filles prisonniers de leur milieu ? invraisemblables cette opposition entre le flic qui essaye de parler et celui qui veut tirer d’abord et négocier ensuite ?
il est fort possible qu’on se gausse de ce film (je n’ai encore rien lu de ce qui a dû être écrit à son sujet) , mais pour ma part , sans crier au chef d’œuvre (le filmage est assez « téléfilm » , l’image aurait pu être beaucoup plus travaillée et plus en accord avec la terrible violence du récit ) , je trouve vraiment que c’est une œuvre dérangeante et lucide (dérangeante parce que lucide) , et qu’Adjani (pour laquelle je n’avais pourtant aucune admiration précédément) est vraiment excellente .