31/03/2009
30/03/2009
si y'a des matins y'a des soirs forcément
ni arrêt de quelque cour
ni encore moins voix
à chapitre
sur les images réelles
la lumière seule
tombante d’un soir
décide
de ce qu’elle nous donne
à voir
elle seule peut
nous condamner
à réclusion
sans appel
si nous outrepassons
nos myopies
ordinaires
beau matin (mais "c'est pas l'tout ...")
les prés croustillent
de gelée blanche
le soleil fait
son timide
en haut de la colline
musique sans pareille :
les coups du maréchal ferrant
sur l’enclume
allez ouste ! « c’est pas l’tout » :
va gratter le givre
du pare brise
29/03/2009
matin gris (c'est bien quand même)
petit matin tout
gris un peu souris
un peu aile de pigeon
il pleut serré
c’est bien ça va
mouiller la terre
la 4 voies ronronne
des phares là bas filent
dans le gris vers où
ils doivent
et ont besoin
d’aller les phares
je n’y vais pas
je reste regarde
la pluie le gris les phares
besoin de rien
ni d’autre ni d’ailleurs
dans le petit matin
27/03/2009
stand by me around the world
ça pourrait s'appeler "stand by me around the world"
26/03/2009
25/03/2009
sites sans doute sans crotales
ou chez Patrick/Armand ?
promis juré y a pas de crotales chez eux ! (hum ? en soulevant peut être quelques mots-pierrailles chez eux , il n'est pas impensable que surgissent quelques abominables crotales des neiges de derrière les fagots etc etc)
22/03/2009
21/03/2009
scènes vues sans les voir mais vues quand même
ou peu heureuse - se dit-elle – elle
se penche
trop
à sa fenêtre cette femme
très nue quelque part
ailleurs loin ?
e pericoloso spoghersi
(en pensant à Hopper)
***
jeté
par-dessus les toits
un cri
et ils s’envolent les toits
grand froufroutement
d’ardoises de tuiles
romaines et mécaniques
nul ange tant pis
(en pensant à Chagall)
***
ploc ploc ploc ploc ploc !
une vie fuit comme
un robinet
évier assiettes verres couverts sales
toujours
la flegme de « faire » la vaisselle
et de réparer
le robinet
"j'm'en occuperai
demain"
bercé
par les ploc ploc ploc
une vie qui fuit
(en pensant à … aucun tableau même pas à mon évier en vrai je fais toujours la vaisselle sans délai mais ne saurais réparer un robinet qui fuit)
***
20/03/2009
19/03/2009
délétère ? vous avez dit "délétère" ?
Régulièrement (encore aujourd'hui) je lis dans la presse cette expression :
"climat social délétère" , je la comprends , mais j'ai voulu en avoir le coeur net et ai vérifié le sens exact de cet adjectif "délétère" :
A.− Qui attaque, détruit la santé, qui met la vie en danger. Plantes délétères, sucs délétères (Ac. 1798-1932). Synon. nocif, nuisible, toxique. Les substances délétères sont presque toujours de mauvaise odeur (Brillat-Sav., Physiol. goût, 1825, p. 35). Tout l'argent que vous a coûté ce tabac affreux, délétère, peut-être (Ponchon, Muse cabaret, 1920, p. 220) :
1. Cette légère addition de cuivre chargé de son oxyde, communément appelé vert-de-gris, introduisit secrètement un principe délétère dans la tisane bienfaisante, mais en proportions homoeopathiques, ce qui fit des ravages incalculables.
Balzac, Le Cousin Pons, 1847, p. 240.
Synonymes de l'adjectif "délétère"
mauvais
nuisible
pernicieux
malsain
nocif
malfaisant
fétide
pestilentiel
vénéneux
néfaste
maléfique
corrupteur
asphyxiant
diabolique
intoxicant
irrespirable
toxique
DONC EN CLAIR peut on dire que : le climat social pue du bec et des arpions ?
AH LA LA ! en cette fin de si magnifique journée printanière et de protestation voila qui vous fout un coup de blues !
je vais mettre deux trois zimages gri-gri qui sentent bon pour déléterer l'atmosphère ambiante !
et j'ai trouvé dans ma réserve un chtiot poème qui ma foi ne sent pas mauvais :
SONNAILLES DE LA NUIT « TOMBEE »
la nuit à cette heure
pleinement
à l’étale
sur le monde
l’air dehors
brusquement refroidi
teinté à peine
d’une odeur d’herbe coupée
respire
autrement
le ciel
est allégé
par ce froid
et l’odeur mêlés
18/03/2009
printemps des poètes (version médiévale)
deux visions « pouhétiques » du printemps
à ma droite (on applaudit bien fort) : le titulaire du titre « poésie printanière avec zoiseaux et tout le tralala » : Charles d’Orléans (« le temps a laissé son manteau ‘)
à ma gauche (on applaudit encore plus fort) : le challenger (mais vainqueur prévisible aux points & aux coups de poings direct & uppercut & autres) : Bertrand de Born : vive le printemps on va pouvoir reprendre la baston !
ah ces vieux pouhètes d’antan ! sacrés loustics !
ding ! première manche ! (ouh lou lou le Charles d’O. vient de se prendre une sacrée mandale , doit entendre plein de petits zoizeaux cuicuiter in his head ! )
17/03/2009
16/03/2009
bye bashung : être prudent nuit encore plus grave !
15/03/2009
les yeux de Michaux
LES YEUX (in "La nuit remue" )
Là je vis les véritables yeux des créatures, tous, d'un coup; enfin!
Les yeux de la drague, les yeux de lait du ventre, les yeux d'encre, les yeux d'aiguille de l'urètre, l'œil roux du foie, les yeux de mer de la mer, l'œil de beurre des tonneaux, l'œil d'ébène du menton, l'œil englouti de l'anus, les yeux à plis, l'œil fessu des femmes acrobates, les yeux d'huile, les yeux de drap des mondains, la classe moyenne aux yeux de meuble, le pianiste aux yeux de frites, les yeux de soupe, les yeux lointains de l'artillerie lourde, les yeux de betterave de la foule, les grues aux yeux de menthe, l'œil bifteck de la cinquantaine, des yeux de haute taille, et les regards montaient comme une brume.
Et ils se mirent à bouger, car ils étaient devenus autonomes.
Il y avait là des yeux grimpeurs, il y avait les bêcheurs (chassieux), et la terre se mettant dans leur chassie les surchargeait continuellement; ils la secouaient constamment, qui tombait comme un paquet de tripes, ou comme bras à la guerre.
Il y avait les yeux planteurs et attentifs qui circulaient sur de hauts pédoncules, des yeux gourmands bourrés de marrons, des yeux comme des péritoines, enfin, à l'écart, toujours fins et fignolants, des yeux de lotus jolis à ravir.
Des yeux cornés qui y allaient carrément, et se buter contre un mur n'était pas pour les enrayer; des yeux à cinq rangs de paupières qu'ils abaissaient successivement en les comptant suivant l'hommage plus ou moins impor¬tant qu'ils devaient à chacun; les yeux de velours, les yeux poilus, l'œil-aluminium de l'avenir, l'œil eunuchoïde écœurant et à poches; les yeux innombrables des Flises reines-marguerites de la vision; l'œil monté sur botte (il bascule lentement comme un gyroscope et est englué dans une sorte de séreuse); les yeux à clous qui se blessent eux-mêmes continuelle¬ment, les yeux des Bélines qui ne songent qu'à se tremper, à faire de l'eau et à mouiller tout ce qui est en dessous; les yeux des Corvates, tout en dents et qu'il faut engraisser sans relâche, les yeux écornifleurs qui ne vivent que sur les sentiments des autres, les yeux concaves, les yeux à la prunelle conique, les yeux empierrés, les yeux mères et d'autres qui allaitaient déjà.
Certains étaient gros comme des ballons de football, d'autres très hauts sur pattes, d'autres pas plus gros que des yeux de fourmis.
Tout ça est bon pour la marmite, dit une voix.
La plaine fut aussitôt raclée et nettoyée et plus rien ne subsista, que le sol obscur qui était de l'argile.
Puis, un peu après, d'autres yeux se mirent à apparaître. Ils affleuraient d'abord timidement. Bien vite, ils furent nombreux.
Des yeux lourds, des yeux ternes d'où sortaient les mites, des yeux à dentelles et à falbalas, des yeux à pendeloques, des yeux pleins d'écume en train de se raser (la partie droite déjà nette, rasée de près, et bonne à poudrer); les yeux explosibles dont tous les autres s'écartaient vivement, criant « poudre! » sans un mot de plus, les yeux volatiles qui partaient au moindre vent pour des pays lointains, et leurs amis s'accrochaient vainement à eux, en les implorant, emplissant le lieu d'une lamentation telle que l'on se serait cru sur Terre.
Les yeux aquatiques où l'épinoche fait son nid, l'œil saugrenu, l'œil à peigne, l'œil trombone, l'œil à soufflets, et partout des carcasses d'yeux vidés par les oiseaux de nuit, des dépôts d'yeux frais qu'on venait de sortir des caves, les yeux malheureux se frottant d'une craie toujours renaissante, les yeux bouleversants de vide-poches, des yeux cadenassés où n'entre rien, et les yeux secrets qui vivent dans les mares.
De grosses bandes d'yeux échassiers poursuivaient les yeux ronds et courts sur pattes, les boulant vivement devant eux, jusqu'à les faire se prendre au loin, tout d'un coup, dans une ligne de barbelés qu'on n'avait pas vue et qui stoppait tout. Comme le bêlement d'un mou ton qui est fort, mais qui s'arrête quand le loup est là.
Tout ça est bon pour la marmite, criait à ce moment la voix.
Les yeux étaient enlevés, la plaine était balayée, la plaine redevenait nue.
Puis, petit à petit, elle se repeuplait; d'yeux toujours différents, de races nouvelles; de toutes les structures, des fignolés comme des minarets, des pleins comme des tambours, des rouges comme des cerises, de toutes sortes, emplissant la plaine rapidement, à petits bouillons, puis tout d'un coup, à nouveau : Tout ça est bon four la marmite, disait la voix.
Et la plaine était immédiatement léchée et lisse, et prête à être réensemencée.
Ah! cette nuit!
13/03/2009
ARAKI
Certaines photos d'Araki sont perturbantes , jugez -en :
"Plusieurs cocktails molotov ont été lancés sur la façade du Musée de la photographie de Charleroi (sud de la Belgique), où est accroché depuis une dizaine de jours un grand nu du célèbre photographe japonais Nobuyoshi Araki, a indiqué la direction du musée."
d'autres ne le sont pas "en apparence"
mais si quand même
j'ai pris en photo l'une d'entre elles
sur l'écran de mon ordi (film de la série "contacts")
et lui ai ajouté mon "colibri"
pour parler avec elle
si si ! c'est bien ce que j'ai dit : pour parler avec elle
(ni une photo , ni un film , ni un écran , et encore moins un colibri , une photo de colibri , ne parlent : c'est ça qui est drôle )
MANUSCRIRE
HAUT LES MAINS
arriba los manos
dans une banque sud-américaine
le pistolero yankee
lisant les notes prises
sur son calepin
mais sans voir
que tous les clients
ont déjà lévé haut mains bras
et tout et tout
têtes tournées au mur
cet éternel problème
de toutes nos traductions
leur retard
ineluctable
sur la réalité
« arriba los manos » ! »
le poème ne devrait pas garder les yeux
rivés sur les mots
de la page
SE LAVER LES MAINS
tous les
« tu t’es lavé les mains ? »
de toutes nos enfances
leur insistance
superbement dédaigneuse
de nos détours
s’en souvenir
pour ne pas nous en laver les mains
des tours et détours
si humains
mais mortels
ETRE HABILE DE SES DEUX MAINS
quelle habileté ?
quelles mains ?
suis-je habile ?
ai-je des mains ?
on croit avoir des mains
on croit avoir des habiletés
on dit : « je m’en tire »
on dit : « je garde la main »
quelle habileté il faudrait
pour le faire
le faire vraiment
sans les mains
sans les mains
PORTEE DE MAIN
ça semble si proche
toujours toujours si proche
un peu tout : le ciel l’eau des rivières
le bruit des villes
les corps
proches
proches
si proches
alors nos mains se tendent
dans l’air
et nous faisons des gestes
LA MAIN DANS LE SAC
pris –dit-on – alors
comme sur le vif
il y a faute
il ne faudrait pas
sans qu’on sache au juste
ce qu’il y a
dans ce sac
et cela me trouble énormément
toutes ces mains
dans tous ces sacs
comme une âpreté
a toutes sortes d’hypothétiques gains
un sac une main
s’y plonge
par réflexe
« allez ! vide ton sac !
montre tes mains
montre tes mains ! »